CHÂTEAU DU CLOS DE VOUGEOT
Côte de Nuits, Côte d'Or, Bourgogne
Les prochaines Rencontres internationales du Clos Vougeot organisées par la chaire Unesco "Culture et traditions du vin" auront lieu du 30 septembre au 2 octobre 2021 au château du Clos de Vougeot, site emblématique des vins de Bourgogne. Le thème retenu cette année est "Un débat sans fin : le vin et la santé". Au programme : "Histoire et géographie des relations vins et santé", "Composés, additifs et intrants dans les vignobles : leurs impacts sur la santé", "Vigne, vin et santé : quel avenir ?".
Chaire Unesco, Rencontres du Clos Vougeot : programme détaillé et fiche d'inscription
Berceau de la viticulture en Bourgogne, le Château du Clos de Vougeot est édifié à partir du XIIe siècle par les moines de l’Abbaye de Cîteaux et devient la place forte de la viticulture en Bourgogne. En 1551, un édifice de style Renaissance donne au site le nom de « château » . Monument Historique, le Château du Clos de Vougeot est le chef-d’ordre de la Confrérie des Chevaliers du Tastevin et le siège des Climats du Vignoble de Bourgogne (inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO).
Le Musée Virtuel développe également ce thème en exposant de façon permanentes des miniatures et des tableaux témoignant de l'intérêt porté par les peintres aux vertus sanitaires du vin : c'est un aliment de première nécessité, un remède et, pour le moral, un réconfort. Ci-après quelques unes des oeuvres consultables sur le site.
TAPISSERIE DE BAYEUX, SCÈNE 37
"Et ici ils tirent un chariot avec du vin et des armes"1066/82 - Bayeux
La Tapisserie de Bayeux n'est pas, à proprement parler, une tapisserie ; en effet, elle relève de la broderie, de neuf teintes naturelles de laines sur des pièces de lin bis. Elle a été confectionnée pour être exposée à la cathédrale de Bayeux pour une population souvent analphabète. Elle est constituée de neuf panneaux en lin, d'une longueur d'environ 70 mètres et large d'environ 50 centimètres. Chaque scène est assortie d'un commentaire en latin. Au total, 1515 sujets variés (personnages, animaux, édifices, arbres) fournissent une mine de renseignements sur le XIe siècle.
Les quantités importantes de vin embarquées ont sauvé l’armée de William de la dysenterie pendant tout le mois d’octobre (la bataille proprement dite ayant eu lieu le 14) alors qu’au cours des deux premières semaines de novembre, le vin venant à manquer, la moitié de ses hommes (dont lui-même) ont été terrassés par la fièvre alors qu’ils buvaient exclusivement de l’eau locale (dans une région très marécageuse). Qu’en eut-il été de la victoire si tant de vin n’avait pas été embarqué ?
LES SEPT ŒUVRES DE MISÉRICORDE, ABREUVER L'ASSOIFFÉ
Maître d'Alkmaar, 1504 - Rijksmuseum, Amsterdam
Cette fresque illustre la charité chrétienne : donner du pain à ceux qui ont faim et du vin à ceux qui ont soif. C’était reconnaître que le vin était un produit de première nécessité. Il servait à combattre le froid en hiver et à se rafraîchir en été. Mais c’était beaucoup plus qu’une simple boisson : redonnant forces et énergie, le vin était considéré comme un véritable aliment au fort pouvoir calorifique et porteur de nombreux sels minéraux. Enfin, l’eau au Moyen-Âge n’étant guère potable, il était nécessaire de la couper avec du vin.
De tous temps, le vin a été considéré comme bénéfique pour la santé. Hippocrate, père grec au IVe siècle avant J.-C., de la médecine moderne, considérait que « Le vin est une chose merveilleusement appropriée à l'homme si, en santé comme en maladie, on l'administre avec à-propos et juste mesure, suivant la constitution individuelle ». Au XIIIe siècle, Arnaud de Villeneuve se plait à constater : « Le vin est merveilleux pour les mélancoliques, les colériques et les cardiaques, pour ceux qui ont des problèmes au niveau du foie, de la vessie, de la circulation et particulièrement des artères. Il soulage une brutale élévation de température ».
LA NAISSANCE DE SAINT JEAN-BAPTISTE
D. Ghirlandaio, 1486-1490 - Santa Maria Novella, Florence
L'historien d'art et peintre de la Renaissance italienne Giorgio Vasari nous dépeint la scène dans ses célèbres Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes, ou Vie des artistes, considérées comme la première histoire de l'art de l'Europe dite moderne. : "Tandis que Sainte Elisabeth est au lit, que des voisines viennent la visiter, et que la nourrice assise allaite l'enfant, une femme le lui demande avec gaieté, pour montrer aux autres la nouveauté de ce qui vient d'arriver à la maîtresse de maison, dans sa vieillesse. Finalement, on voit une belle campagnarde, qui apporte de la villa des fruits et du vin, suivant l'usage florentin". La cure était destinée à refaire le sang et à nettoyer les organes mis à mal par l’enfantement. Cette pratique médicale a perduré jusqu’au XIXe siècle, par exemple dans le Valais : la cure s’y terminait quand avait lieu la cérémonie des relevailles. Ce rituel catholique consistait en une bénédiction donnée par le prêtre aux femmes relevant de couches. Acte de purification, il dérivait de la cérémonie juive qui prescrivait aux mères de se montrer au Temple quarante jours après avoir donné naissance à un fils (le double pour une fille).
MON DOCTEUR LE VIN (Raoul Dufy, 1939)
Gaston Derys, My Doctor, Wine?, Yale University Press, New Haven, CT, Etats-Unis
Le livre de Gaston Derys Mon docteur le vin vante les mérites du vin. De nombreuses aquarelles de Raoul Dufy illustrent le vin remède à de nombreux maux. Nous sommes ici à l’hôpital. Une sœur infirmière, comme il en existait à cette époque, entre dans une chambre toute fleurie, portant un plateau avec une bouteille de champagne. Trop beau pour être vrai ? Cette aquarelle illustre les bienfaits du vin dans le traitement de la convalescence. Voici le commentaire d’un professeur bordelais [très connu à l’époque] : "Beaucoup de patients, convalescents, et gens qui souffrent d’épuisement, et qui se gavent de pilules, de poudres, de tablettes, devraient plutôt prendre un vieux bordeaux. Ce serait un remède beaucoup plus efficace pour retrouver rapidement leurs forces". Dans un autre chapitre, plusieurs médecins sont interrogés au sujet de l’obésité. L’un d’eux déclare que "Le vin est un remède contre l’obésité. L'eau a tendance à épaissir les chairs. En effet, pour neutraliser les poisons provenant de la nutrition et non détruits par les sécrétions internes devenues insuffisantes faute d'un excitant comme le vin, c'est la graisse qui se forme et intervient chez le buveur d'eau. Il en va tout autrement chez les buveurs modérés de vin, celui-ci une action heureuse sur les glandes chargées de brûler les résidus de la nutrition .. Stimulées par le vin, elles rempliront bien mieux leur mission. Elles se défendront énergiquement contre l’auto-excitation générée par la migraine, l'eczéma, la goutte, l’obésité .. Le vin amplifie les mécanismes de défense de l'organisme et permet d’opposer une meilleure résistance à l’auto-intoxication, la dépression et l’obésité".
BOUTIQUE D'APTHICAIRE : VIN DÉSILES, CORDIAL ET RÉGÉNÉRATEUR
14 rue Grammont, IIe arrondissement, Eugène Atget, 1903/04 - Musée Carnavalet, Paris
Cette photo prête également à sourire. Alewandre Choffé, ancien aide médecin de la marine, est diplômé de la faculté de médecine de Montpellier en 1873. Il inventera de nombreuses recettes médicamenteuses, mais les plus célèbres seront la Désiline et le Vin Désiles. Son ancre de marine encadré de ses deux initiales (A.C.) sera sa marque de fabrique et sera apposée sur les conditionnements des ‘’médicaments’’. Le Vin Désiles, présenté comme un "médicament", "cordial régénérateur", est une préparation tonique à base d’alcool ressemblant à une espèce de vin de quinquina. Il est pourtant vendu en pharmacie et préconisé à prendre avant chacun des deux repas, afin de ressentir au maximum ces effets réchauffant et tonifiant sur les fibres musculaires !
En voici la composition : vin spécial de liqueur à 15°, noix de kola, feuilles de coca, quinquina succirubra, théobrama-cacao, iode (teinture Codex), phosphate de chaux, glycérine chimiquement pure 30°, alcoolature d’orange et carbonate de lithine.
Pour en savoir plus / Find out more : exposition "Eugène Atget, le Vieux Paris et le vin"
CES DAMES AU RÉFECTOIRE
Henri de Toulouse-Lautrec, 1893-1894 - Musée des Beaux-arts, Budapest, Hongrie
Si le thème du travail dans la peinture est courant en Hollande, et ce depuis le XVIIe siècle, ce n’est pas le cas en France, où l’on a longtemps jugé ce sujet indigne. Il faudra attendre le XIXe siècle pour que des peintres décrivent sans détour des scènes de labeur. C’est également à cette époque que la domination de vins rouges bon marché s’affirme. Ils se consomment sur le lieu de travail des ouvriers pour leur apporter non seulement rafraîchissement et forces accrues, mais aussi réconfort et du cœur à l'ouvrage. Cela s’applique aussi bien aux hommes qu’aux femmes.
Toulouse-Lautrec était un familier des maisons closes de Montmartre. Il avait une chambre à demeure à La Fleur blanche. C’est ainsi qu’il a pu saisir sur le vif l'harassement et l'épuisement chez Ces Dames au réfectoire, réservé au personnel. Une bouteille, offerte par la maîtresse des lieux, était censée redonner du cœur à l’ouvrage !
Pour en savoir plus : Galerie aliment, remède et réconfort
Find out more: Gallery Foodstuff, Remedy, and Comfort
Le Musée Virtuel du Vin a été l'invité des Rencontres 2016 : "Boire du vin, hier et aujourd'hui". Eric Beau, fondateur et éditeur du Musée Virtuel du Vin, y a présenté comment les peintres, les grands maîtres comme les petits maîtres, ont décrit les buveurs de vin à travers les époques, du boire au savoir-boire, dans toutes les couches de la société.
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