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Blog : actualités du vin, de l'art et du musée, et œuvres à (re)découvrir

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TÊTE PROVENANT D'UNE STATUE DE BACCHUS JEUNE

Artiste romain inconnu, 1-50, Bronze et argent , H. 26 cm

The Getty Villa, Malibu, Californie, Etats-Unis

 

Dans la mythologie grecque, Dionysos est le dieu de la vigne, du vin et de ses excès ainsi que du théâtre et de la tragédie. Il est le fils de Zeus et de la mortelle Sémélé. Selon les listes, il fait partie ou non des douze Olympiens, bien qu'il ne vive pas sur le mont Olympe : c'est essentiellement un dieu errant. Il a été adopté par les Romains sous le nom de Bacchus, assimilé au dieu Liber Pater.


Compagnon des Muses, Bacchus est à la croisée des arts, que ce soient les arts plastiques ou les arts décoratifs, pour ne citer qu'eux. Et quelles que soient les époques : l'Antiquité, le Moyen-Âge ou l'époque moderne. Ci-après quelques exemples puisés dans le fond du Musée Virtuel du Vin : mosaïque, fresque antique, architecture, enluminure, tapisserie, dessin, sculpture, objet d'art, photographie. Avec une attention particulière portée à la peinture, dont des oeuvres provenant des expositions virtuelles organisées par le musée.



ANTIQUITÉ


DIONYSOS, DIEU DU VIN, ASSIS SUR UNE PANTHÈRE

Sol en mosaïque de galets, fin du IVème s. av. J.-C.

Maison de Dionysos - Musée archéologique de Pella, Grèce

 

L'attribut majeur et personnel de Dionysos est le thyrse qu'il tient à la main, qu'on trouve à ses pieds ou dans son cortège. Ses plantes principales : le pin et le lierre, ainsi que leurs fruits, la pomme de pin et les baies de lierres, dont il est souvent couronné. Ces plantes sont une apparente exception dans la nature, car elles sont toujours vertes au cours de l'année, et ne semblent pas perdre leurs feuilles, ce qui renvoie aux résurrections du dieu. On notera aussi que les vrais fruits du pin sont cachés dans la pomme, et que les baies de lierre, toxiques, entraient dans la fabrication d'une bière que consommaient les ménades, et qui contribuait à leur transe. On trouve aussi le grenadier et la grenade, le figuier et les figues (le grenadier est issu du sang du dieu, ses fruits mûrissent en hiver, et Persépone reste liée aux enfers pour en avoir mangé ; le figuier est associé à la vie cachée dans le monde méditerranéen, car il pousse spontanément là où il y a de l'eau souterraine et révèle les sources). Comme il a apporté la vigne et le vin aux hommes, on trouve également la vigne et le raisin, la coupe à boire. Mais il s'agit plutôt d'une contamination avec Bacchus, son équivalent romain. Les animaux associés sont la panthère, le bouc et l'âne (Source: Wikipedia).



DIONYSOS ENFANT ET SA MÈRE SÉMÉLÉ (au premier plan) 70-60 av. J-C, Fresque (détail), après restauration

Villa des Mystères, Pompéi

 

A l’écart de Pompéi, la Villa des Mystères est une ancienne demeure praticienne. Dans le quartier des maîtres, une salle renferme la fresque à laquelle la villa doit sa célébrité et qui vient tout juste d'être restaurée : sur fond rouge pompéien, une frise se déroule une grande composition qui met en scène vingt-neuf personnages grandeur nature. Elle pourrait représenter l’initiation d’une jeune épouse aux mystères dionysiaques, ici la lecture du rituel par un Dionysos (?) enfant. Le culte de Dionysos, dont la maîtresse de céans aurait été prêtresse, était alors en grande faveur en Italie méridionale. La scène présentée au premier plan est étrange : une femme habillée d'un péplos à l'ancienne mode (tunique féminine en laine de style dorien de la Grèce antique) surveille un jeune garçon nu et chaussé de hautes bottes, qui lit un uolumen (rouleau de feuilles de papyrus).

Une autre femme, portant cette fois-ci un habit contemporain de la frise, se tient assise derrière l'enfant. Elle tient dans sa main gauche un uolumen et pose sa main droite sur l'épaule droite de celui-ci. Pédagogue divin, elle lui enseigne son art. La péplophore (celle qui porte le péplos) est une évocation de la nourrice de Dionysos qui apparaît toujours dans ces scènes, en particulier de toilette et d'habillage du héros. Enfin, s’il n’y a nulle trace que Dionysos ait jamais appris à lire, le livre ouvre sur la connaissance et l'univers supérieur des Muses. Notre prêtresse inscrit donc ici son activité pédagogique de mère profane à l'intérieur du mythe de Dionysos, en s'identifiant cette fois-ci à la à la mère du héros, Sémélé.



TEMPLE DE BACCHUS, 1870s

Fin du IIème siècle/début du IIIème

Baalbek, Liban

 

Baalbek est l'ancienne Héliopolis des romains, c'est aujourd'hui un site archéologique. Ce site se trouve au Liban dans le district de Baalbek. Il est constitué de 3 temples : le Temple de Bacchus, le Temple de Jupiter et le Temple de Vénus. Le nom de Baalbek vient de Baal, le nom d'un dieu phénicien. Ce site avait pour but principal de montrer la puissance de l'empire romain. Les temples reprennent l'architecture romaine tout en y apportant des éléments de l'architecture de l'Orient.


Un peu moins grand que le temple de Jupiter, celui de Bacchus est le mieux conservé du site. Il est impressionnant avec son étendue de 19m et son portail monumental de 13m de haut et 6m50 de large. Les colonnes, bases et chapiteaux, font 19m de hauteur, supportant un entablement avec des frises décorées de protomés de lions et de taureaux. Le plafond à caissons est enrichi d'éléments de décor empruntés au répertoire ornemental gréco-romain.


A l'intérieur du temple des colonnes engagées à chapiteaux corinthiens alternent avec des niches superposées (à frontons circulaires dans la rangée du bas et fronton triangulaires pour les niches du haut) contenant jadis les statues des divinités honorées. Au fond du temple, nous retrouvons un adyton où trônait la statue du dieu. Le culte était centré autour d'un jeune dieu (un Adonis local) de la végétation et de la renaissance perpétuelle de la nature. Du vin et d'autres drogues, comme l'opium, étaient utilisés par les fidèles dans le but d'atteindre l'extase. Les représentations décoratives de vignes et pavots laissent supposer l'attribution de ce temple au dieu Bacchus.




MOYEN-ÂGE


BACCHUS, DIEU DU VIN Livre des échecs amoureux, XVe

BnF, Paris




" Bacchus fut appelé dieu par les anciens à cause des propriétés merveilleuses du vin et des effets divers qu'il exerce sur le corps humain, selon la complexité de sa nature, la variété des personnes qui en boivent, et selon la quantité qu'on en boit. […]. Le fait que ce dieu était représenté comme un jeune enfant aux traits féminins symbolise bien la nature du vin, car de même que les jeunes enfants sont heureux, optimistes et généreux par nature, […] de même le vin pris modérément rend l'homme joyeux et optimiste […]. De plus, comme le visage féminin est gracieux, doux, aimable et plaisant à voir, le vin pris avec modération est agréable, plaisant, doux et aimable aux hommes plus que tout. Le visage de la femme attire celui qui le regarde, et bien souvent le trompe et l'affole tellement qu'il ne voudrait plus s'en détourner à cause du plaisir que ce visage lui promet ; de même le bon vin attire le buveur, qui y prend un tel plaisir qu'il ne voudrait rien faire d'autre que boire. […]. Les cornes symbolisent la bestialité à laquelle le vin pris exagérément ramène celui qui boit, car il lui fait perdre l'usage de la raison et le fait ressembler à un animal cornu. Le tigre, qui est traître, cruel et très rapide à la course, nous montre à quelle fureur et à quelle violence le vin amène les ivrognes […]" (Source : BNF).




ÉPOQUE MODERNE - De la fin du Moyen-Âge à nos jours


"SINE CERERE ET BACCHO FRIGET VENUS” Bartholomäus Spranger, c. 1590

Kunsthistorisches Museum, Vienne, Autriche

 

Bartholomäus Spranger illustre cette citation du poète latin Terence (c. 185-160 av. J-C.) : “Sans Cérès ni Bacchus, Vénus prendrait froid". En d'autres termes, sans nourriture et sans vin, l'amour se refroidit. Dans la mythologie romaine, Cérès est la déesse de l'agriculture, des moissons et de la fécondité.



BACCHUS ET ARIANE

Guido Reni, c. 1619/20

Los Angeles County Museum of Art, Californie

 

Venu dans l'île de Naxos, Bacchus consola et épousa Ariane abandonnée par Thésée, et lui donna la fameuse couronne d'or, chef-d'œuvre de Vulcain : "Et je suis celle à qui tu promettais le ciel ! Malheureuse ! En fait de ciel, quelle récompense est la mienne !" Elle se tut ; depuis longtemps Liber entendait ses plaintes, car il l'avait suivie. Il la prend dans ses bras, sèche ses larmes sous ses baisers et lui dit : "Montons ensemble au plus haut des cieux ; partageant ma couche, tu partageras aussi mon nom : dans ta nouvelle condition tu t'appelleras Libera et je vais faire en sorte qu'avec toi demeure le souvenir de ta couronne, de cette couronne que Vulcain donna à Vénus, et que Vénus te donna". Il fait comme il avait dit et métamorphose en feux les neuf gemmes de la couronne : elle brille maintenant, cercle d'or, de ses neuf étoiles." (Ovide, Fastes, III, 505 - 516)



LES SAISONS, L'AUTOMNE

Tapisserie des Gobelins, Charles Le Brun, 1673

Musée national du château de Fontainebleau

 

Le choix des quatre saisons à cette époque est particulièrement adapté au décor d’une résidence royale, l’alternance des saisons étant régie par la course du soleil, dont Louis XIV avait fait l’un de ses symboles. En accord avec le goût du temps, chaque saison est représentée par un épisode mythologique.

Comme les vendanges se font en septembre, Bacchus est couramment utilisé pour symboliser l'Automne, représenté également par les paniers à vendange et, dans le cas présent, Diane, déesse de la chasse. Bacchus et Diane sont assis sur des nuées et tiennent un cadre de fleurs dans lequel est représenté le roi Louis XIV à cheval courant le cerf ; au fond le château de Saint-Germain ; au premier plan, les attributs de l'Automne. La partie transversale de la bordure est un tore de laurier ; les montants renferment des courants de fleurs et de fruits interrompus au centre par des cartouches aux armes de France et de Navarre (source : base Joconde).




BACCHUS ET CÉRÈS

Sebastiano Ricci, av. 1710

Fitzwilliam Museum, Université de Cambridge, Grande-Bretagne

 



BACCHUS ET ARIANE

Giovanni Battista Tiepolo, XVIIIe siècle

The Metropolitan Museum of Art

 



BACCHUS AU RAISIN Mascaron en pierre sur la clef de voûte d'un arc de porte, XVIIIe siècle

Bordeaux

 

Un mascaron est un ornement représentant généralement une figure humaine parfois effrayante dont la fonction était, à l'origine, d'éloigner les mauvais esprits afin qu'ils ne puissent pénétrer dans une demeure. Ils sont souvent apposés sur la clef de voûte des arcs des fenêtres ou des portes ou sur les linteaux. Nombre d’entre eux reflètent l’histoire de la ville avec, notamment, la reproduction de Bacchus en référence avec le commerce du vin. S'ils ont fait une entrée une entrée timide à Bordeaux aux XVIe et XVIIe siècles, leur mode explose au XVIIIe siècle, un siècle d'or pour la ville. Cette prospérité provient essentiellement du port de la Lune qui va devenir un des premiers ports du royaume. Avec les grands travaux des années 1860, les mascarons refont une apparition sur les constructions édifiées sur les voies nouvelles dont les immeubles témoignent souvent d'un goût marqué pour le style Louis XV. Au final, Bordeaux en présente plus de 3 000 qui participent à l'ornementation des façades et des fontaines de la ville. Environ 1 000 datent du XVIIIe.





BACCHUS, NYMPHE ET ENFANT AU RAISIN Claude Michel Clodion, c. 1790-1800 - Terre cuite, H. 47 cm

Metropolitan Museum of Art, New York

 

Les Nymphes de Dionysos/Bacchus - ou Ménades - font preuve d'un caractère animé et de l'enthousiasme véhément qui est le propre de tout l'entourage de ce dieu. Elles sont chargées de l'éducation du dieu dans les grottes parfumées de Nysa. Lorsque, dans sa force juvénile, il parcourt les bois, elles l'accompagnent de leurs ébats et de leurs chants.





LA JEUNESSE DE BACCHUS William-Adolphe Bouguereau, 1884

Collection particulière

 



UNTITLED #224, History portraits/Oldmasters Cindy Sherman, 1990, Photographie cibachrome, 121,9 x 96,5 cm - MoMA, New York

 

Cindy Sherman se met en scène elle-même (elle est à la fois modèle et photographe). Dans cet autoportrait en Bacchus, elle détourne l’œuvre de Caravage (Le Petit Bacchus malade, 1593 - Huile sur toile, Galerie Borghèse, Rome).





Même pose, même cadrage, même lumière. Mais la métamorphose de son corps dérange l’œuvre de départ pour nous amener à la revoir. Cette photo accentue le caractère christique de l’œuvre d’origine : Cindy Sherman se voue corps et âme à « la grappe du Seigneur » qu’elle tient ostensiblement dans sa main.


UNTITLED (BACCHUS)

Cy Twombly, 2008

Tate Modern, Londres

 

Cette toile témoigne de l'ivresse picturale qui pouvait s'emparer du peintre. Comme il a souvent été dit, on peut associer l'état de délire dans lequel il peint ses grands tableaux au délire dionysiaque qui s'empare du groupe lors du rituel. Il laisse couler librement la peinture rouge, évocatrice du sang et du vin. Aussi ne peut-on s'empêcher de penser, même si Cy Twombly ne livre aucune clef, à l'image du Pressoir mystique, celle du Christ pressé tel une grappe, le sang de la vigne et le sang du Christ ne faisant alors plus qu'un ?





BACCHUS

Restaurant Au bistrot d'à côté, Croix-Rousse, Lyon

 



LE TRIOMPHE DE BACCHUS

Bertrand Sallard, 2016. Pastel sec, 40 x 30 cm

Collection particulière

 

Né dans le sud du Maroc, Bertrand Sallard en a gardé la passion d'un certain ailleurs, au delà de l'exotisme. Après des études de lettres et de droit, il a été formé à l'École des Beaux-Arts de Paris de 1969 à 1973. Il rencontre alors coup sur coup l’œuvre de Staël, l'art et la pensée d'Extrême-Orient. Ces influences marqueront durablement son travail, à la recherche de transcendance et de simplicité. Au terme d’un séjour dans le Pacifique, il s’est fixé en Bourgogne où il vit depuis 1975, se consacrant à plusieurs formes d'expression abstraite comme les « Calligraphies », à l’encre et les « Miniatures », de très petits formats à la gouache. Depuis 2002 il a adopté craie et pastel pour une importante série de compositions colorées, « Variations» à l’exécution rapide, construites sur des bandes verticales et des superpositions. Le Fonds National d'Art Contemporain a acquis une de ses œuvres.




 

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LES JOUEURS DE CARTE Paul Cézanne, c. 1892-1895 - Courtauld Institute, Londres

Huile sur toile, 60 cm x 73 cm

 

Ce tableau est visible "en réel" à la Fondation Vuitton, dans le cadre de l'exposition "La collection Courtauld : le parti de l'impressionnisme", du 20 février au 17 juin.


Il est possible, d'après certains historiens de l'art, que ce tableau soit la première version d'une série de trois, mettant en scène deux personnages, des joueurs de cartes, associés à une bouteille de vin.


"Les Joueurs de cartes" ont fait l'objet de plusieurs versions de la part de Cézanne : il en existe cinq connues, conservées au musée d'Orsay, au Courtauld de Londres, au Metropolitan Museum de New York, à la Barnes Foundation de Philadelphie et une dernière acquise en 2012 par la famille royale du Qatar. Cette version et celles du Courtauld Institute (ci-dessus) et du Musée d'Orsay (ci-dessous) sont les trois seules à mettre en scène le vin et seulement deux personnages. Dans les trois cas, les deux hommes, endimanchés, n’ont pas quitté leur chapeau. Ils paraissent figés et concentrés sur leur jeu. Le café, sans qu’il soit possible de l’identifier, paraît des plus modestes : table de bois couverte d’une nappe courte, chaises ordinaires, simple bouteille de vin. Seul un miroir mural donne de l’éclat au décor.


LES JOUEURS DE CARTE Paul Cézanne, c. 1892-1893 ? - Famille royale du Qatar

Huile sur toile, 130 cm x 97 cm

 

Cette oeuvre a été acquise dans le cadre d'une transaction privée en 2012, pour un montant de 228 millions d’euros, ce qui en a fait le tableau le plus cher du monde pendant quelques années ! Triste record, même si l'œuvre est magnifique [NDLR. Il a été battu en 2015 par une œuvre de Gauguin acquise, par le Qatar également, pour 265 millions d'euros]. Cette version aurait été achevée avant celle, ci-après, du Musée d'Orsay, dont elle est deux fois et demie plus grande (97 x 130 cm vs. 47,5 x 57 cm).


LES JOUEURS DE CARTE

Paul Cézanne, entre 1890 et 1895 - Musée d'Orsay, Paris

Huile sur toile, 47,5 cm x 57 cm

 

"La bouteille, sur laquelle joue la lumière, constitue l'axe central de la composition. Elle sépare l'espace en deux zones symétriques, ce qui accentue l'opposition des joueurs. Ces derniers seraient des paysans que le peintre observait dans la propriété paternelle du Jas de Bouffan, aux environs d'Aix. L'homme fumant la pipe a pu être identifié comme étant le "père Alexandre", jardinier du lieu" (Source : Musée d'Orsay).


Pour en savoir plus : Galerie Au Café >>



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LA CUEILLETTE DES MOULES (ex LES VENDANGEURS)

Auguste Renoir, 1879 - National Gallery of Art, Washington

Huile sur toile, 54,2 cm x 65,4 cm

 

Ce tableau de Renoir a été abondamment reproduit et copié. Il porte plusieurs titres en anglais ou en français évoquant chacun les vendanges. Il a longtemps été conservé à la National Gallery of Art de Washington, avec pour titre The Vintagers (Les Vendangeurs). En le regardant de plus près, et afin de faire un commentaire approprié, nous nous sommes demandés de quel endroit il s’agissait, étonnés qu’il n’y ait pas de vignes représentées. Que faisait donc Renoir en 1879 à l’époque des vendanges ? Il séjournait à moins de trois kilomètres de Berneval, non loin de Dieppe, accueilli par ses nouveaux amis Marguerite et Paul Bérard au château de Wargemont, à Derchigny-Graincourt. C’est une région où il n’y a jamais eu de vignes, même avant le phylloxera ! Plus généralement, Il n’y a plus de vignes en Normandie depuis le XVIIe siècle !


En poursuivant nos recherches, nous avons appris que cette oeuvre de Renoir avait été prêtée en 2007 à la National Gallery d'Ottawa le temps d'une exposition consacrée aux paysages de Renoir. Il a alors été rebaptisé sous un nom sensiblement différent The Mussel Harvest (La cueillette des moules). Tout s'éclaircissait alors : les pêcheurs remontent de la plage par un chemin qui emprunte une des ravines qui caractérisent sans conteste cette partie de la côte normande. Ceci est corroboré par le site web de la commune de Berneval et par Les Pêcheuses de moules que Renoir a également peintes lors du même séjour et dont les hottes sont semblables. C'était une des activités principales de cette petite commune. Pourquoi pendant si longtemps cette erreur ? Il y a eu probablement au cours de l'histoire de ce tableau (avant son achat en 1921 par le magnat américain Adolph Lewisohn) confusion autour des mots anglais harvest et harvesters qui peuvent s'appliquer aussi bien à la moisson qu'aux vendanges et.. au ramassage des moules. Si depuis 2014 la National Gallery of Art expose ce tableau sous son nouveau nom, pourquoi n'a-t-elle fait la modification définitive de sa base de données et ainsi actualisé son site qu'en 2016, ce qui en a intrigué plus d'un. Un simple oubli ?



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