AU CAFÉ RICHE
Jean-Louis Forain, 1894 - Collection particulière
« Le soupeur et la soupeuse » est un thème récurrent chez les artistes de cette époque que l'on dit Belle. Que ce soit au café ou au restaurant tous s'y sont essayés. Joyeux, misérabiliste, provoquant, enivré, repu ou bien affamé, tous ont traité avec brio ces morceaux de vie. Ce qui nous frappe chez tous ces couples attablés c'est ce sentiment de solitude. Ils sont deux mais jamais leurs regards ne se croisent, chacun est dans son monde, l'autre ne compte pas ou s'il compte, c'est pour un seul des personnages qui espère tirer quelques profits ou avantages de l'autre. Deux histoires sans parole se trament. Une frontière est créée par l'espace vide entre les tables : à gauche le gros bourgeois au regard lubrique attend sa note le ventre plein, à droite la « lorette » maigrelette et affamée attend, sans grande conviction, l'offrande d'un dîner (NDLR. On peut également envisager que cette femme jette un regard de mépris sur son voisin) … Le Riche était l’un des grands cafés des Boulevards qui tous étaient également des restaurants. S’y retrouvaient le monde littéraire, des hommes de presse, des peintres, des musiciens, de beaux esprits… Les soirées pouvaient y être coquines, avec de petits salons à l’étage (Source : Catalogue vente aux enchères, Beaussant Lefèvre).
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