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Le vin, la vigne et les vignerons illustrent d'autres paraboles

"Parabole des ouvriers dans la vigne", Salomon Koninck, 1647/49 - Musée de l'Ermitage, Saint Pétersbourg, Russie | Paraboles | Sang du Christ, Nouveau Testament, Bible | De vin divin en vin Sacré | Vin et Peinture | Le Musée Virtuel du Vin

PARABOLE DES OUVRIERS DANS LA VIGNE
Salomon Koninck (1609-1656)
1647-1649
Musée de l'Ermitage, Saint Pétersbourg

 

 

 

C'est la période des vendanges. Le propriétaire d'une vigne constate qu'il est temps de cueillir ses raisins. Tôt cette journée-là, vers six heures le matin, il quitte sa maison et se rend au marché pour embaucher des ouvriers. Il en engage plusieurs, offrant à chacun le salaire habituel d'un denier pour la journée. À cette époque, les ouvriers agricoles travaillaient de l'aube jusqu'au crépuscule, de six heures le matin environ à six heures le soir. La journée de travail s'étalait donc sur une période de douze heures. A la troisième heure (neuf heures du matin), le propriétaire se rend à nouveau au marché et engage d'autres ouvriers. Il leur promet un salaire raisonnable, mais ne précise pas le montant exact. À mesure que le travail avance, le propriétaire s'aperçoit qu'il aura besoin de main-d'œuvre supplémentaire.

Il retourne au marché à la sixième heure (midi) et à la neuvième heure (trois heures de l'après-midi), et réussit à obtenir les services d'autres ouvriers. Cette fois-ci, aucune rémunération n'est mentionnée. Vers la fin de l'après-midi, il devenait évident que l'ouvrage ne pourra pas être complété à temps. Alors à la onzième heure (cinq heures de l'après-midi), une heure avant la fin de la journée de travail, le maître va une dernière fois au marché. À sa grande joie, il voit des hommes qui avaient désespérément attendu toute la journée pour trouver du travail. Il les envoie eux aussi dans sa vigne. Le soir venu, le propriétaire fait appeler les ouvriers pour les rémunérer. Il donne un denier à chaque homme, même à ceux qui n'ont travaillé qu'une heure. Cela fait réagir les ouvriers de la première heure. Ils y voyaient une injustice car leur temps de travail ne semblait pas avoir été pris en considération. Le maître leur rappelle qu'ils ont reçu ce qui avait été convenu et déclare qu'il est libre de faire de son argent ce qu'il veut.

 

 

L’enseignement du Christ passe parfois par un certain nombre de « paraboles » qui sont des comparaisons tirées de la vie courante pour expliquer comment fonctionne le « royaume de Dieu », c’est-à-dire tout ce qui concerne la relation à Dieu : ce que Dieu attend de l’homme, ce que l’homme peut attendre de Dieu, et comment vivre bien avec Dieu et autrui.

PARABOLE DE L'OUVRIER DE LA ONZIÈME HEURE

> Découvrez les oeuvres dans leur entier en cliquant sur les vignettes

Texte biblique : Nouveau Testament, Évangiles, Matthieu XX, 1-16

« Car le royaume des cieux est semblable à un maître de maison qui sortit dès le matin, afin de louer des ouvriers pour sa vigne. Il convint avec eux d'un denier par jour, et il les envoya à sa vigne. Il sortit vers la troisième heure, et il en vit d'autres qui étaient sur la place sans rien faire. Il leur dit : Allez aussi à ma vigne, et je vous donnerai ce qui sera raisonnable. Et ils y allèrent. Il sortit de nouveau vers la sixième heure et vers la neuvième, et il fit de même. Étant sorti vers la onzième heure, il en trouva d'autres qui étaient sur la place, et il leur dit : Pourquoi vous tenez-vous ici toute la journée sans rien faire ? Ils lui répondirent: C'est que personne ne nous a loués. Allez aussi à ma vigne, leur dit-il. Quand le soir fut venu, le maître de la vigne dit à son intendant : Appelle les ouvriers, et paie-leur le salaire, en allant des derniers aux premiers. Ceux de la onzième heure vinrent, et reçurent chacun un denier. Les premiers vinrent ensuite, croyant recevoir davantage; mais ils reçurent aussi chacun un denier. En le recevant, ils murmurèrent contre le maître de la maison, et dirent: Ces derniers n'ont travaillé qu'une heure, et tu les traites à l'égal de nous, qui avons supporté la fatigue du jour et la chaleur. Il répondit à l'un d'eux : Mon ami, je ne te fais pas tort; n'es-tu pas convenu avec moi d'un denier ? Prends ce qui te revient, et va-t'en. Je veux donner à ce dernier autant qu'à toi. Ne m'est-il pas permis de faire de mon bien ce que je veux  ? Où vois-tu de mauvais œil que je sois bon ? - Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers. »

PARABOLE DES VIGNERONS

Dans la Parabole des vignerons (dite aussi des vignerons infidèles), le Christ dit: "Écoutez une autre parabole. Il y avait un homme, maître de maison, qui planta une vigne. Il l'entoura d'une haie, y creusa un pressoir, et bâtit une tour; puis il l'afferma à des vignerons, et quitta le pays. Lorsque le temps de la récolte fut arrivé, il envoya ses serviteurs vers les vignerons, pour recevoir le produit de sa vigne. Les vignerons, s'étant saisis de ses serviteurs, battirent l'un, tuèrent l'autre, et lapidèrent le troisième. Il envoya encore d'autres serviteurs, en plus grand nombre que les premiers; et les vignerons les traitèrent de la même manière. Enfin, il envoya vers eux son fils, en disant: Ils auront du respect pour mon fils. Mais, quand les vignerons virent le fils, ils dirent entre eux : Voici l'héritier ; venez, tuons-le, et emparons-nous de son héritage. Et ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne, et le tuèrent (Matthieu, XXI, 33-39).

Dans son homélie LXVIII sur Matthieu, Jean Chrysostome dit que les serviteurs sont les prophètes, le Fils du vigneron le Christ. Dieu demande aux humains de porter du fruit telle la vigne de cette parabole ; cela rejoint la parabole du Vrai cep (ci-après). 

Lucas Cranach le Jeune peint ce tableau à l'intention de Paul Eber, célèbre théologien luthérien qui vient de décéder (Jean Sébastien Bach utilisa ses textes dans plusieurs de ses cantates et de ses chorals). En s'appuyant sur le texte biblique de Mathieu, il décide de lui offrir en épitaphe une allégorie protestante, avec les réformateurs en bons vignerons (à droite) et l’église catholique en mauvais vignerons (à gauche). Luther, grand ami de son père Lucas Cranach l'Ancien, figure dans la composition. Lucas Cranach le Jeune montre ainsi qu'aux comportements désordonnés et vains de l'Eglise catholique s'oppose la rigueur des protestants.

Cette parabole se réfère au “vin neuf” de l’enseignement du Christ qui est incompatible avec les “vieilles outres” du raisonnement des pharisiens et scribes :  "Personne ne met une pièce de drap neuf à un vieil habit; car elle emporterait une partie de l’habit, et la déchirure serait pire. On ne met pas non plus du vin nouveau dans de vieilles outres; autrement, les outres se rompent, le vin se répand, et les outres sont perdues; mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et le vin et les outres se conservent. (Matthieu, IX, 16-17). Cette parabole viserait les juifs qui refusent le vin nouveau que constitue l'évangile et qu'elle inviterait la jeune communauté chrétienne d'après Pâques à rester fidèle au bon vin de l'enseignement du Christ et à rejeter les dangereuses hérésies qui commencent à se propager en son sein. Il est vrai qu'il lui était difficile de faire coïncider ses nouvelles pratiques religieuses avec les pratiques traditionnelles juives. 

PARABOLE DES OUTRES NEUVES ET DU VIN NOUVEAU

PARABOLE DU VRAI CEP

L’iconographie du Christ Vraie Vigne, ou Vrai Cep, naît au XVe siècle en Crête, sur le mont Athos, en Macédoine, où s’étaient réfugiés de nombreux artistes après la chute de Constantinople (1453). Puis elle se diffuse aux XVIème et XVIIème siècles, en trouvant son emplacement le plus naturel sur les ornements liturgiques des prêtres et des évêques.

Dans l’icône reproduite ici, le Christ, trônant au centre du cep avec un évangile ouvert sur les genoux, lève les bras et bénit des deux mains. Du pied de vigne partent douze sarments avec feuilles et grappes, sur lesquels sont assis les douze apôtres, Pierre et Paul étant les plus près du Sauveur, le premier à sa droite et le second à sa gauche. Chaque apôtre porte un livre ou un phylactère et conserve les caractéristiques de son iconographie traditionnelle, de telle sorte qu’il est possible de le reconnaître.

Ce thème est typiquement eucharistique. Lors de la Cène, après le Lavement des pieds, Jésus se compare lui même à une vigne ou un cep mystique, dont le Père est le vigneron et ses disciples les sarments : "Je suis le vrai cep, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi et qui ne porte pas de fruit, il le retranche; et tout sarment qui porte du fruit, il l'émonde, afin qu'il porte encore plus de fruit. Déjà vous êtes purs, à cause de la parole que je vous ai annoncée. Demeurez en moi, et je demeurerai en vous. Comme le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s'il ne demeure attaché au cep, ainsi vous ne le pouvez non plus, si vous ne demeurez en moi. Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire. Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors, comme le sarment, et il sèche; puis on ramasse les sarments, on les jette au feu, et ils brûlent. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé. Si vous portez beaucoup de fruit, c'est ainsi que mon Père sera glorifié, et que vous serez mes disciples" (Jean, XV, 1-8). 

PARABOLE DES VIERGES FOLLES ET DES VIERGES SAGES

Cette parabole est également dite celle des dix vierges : "Alors le royaume des cieux sera semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, allèrent à la rencontre de l'époux. Cinq d'entre elles étaient folles, et cinq sages. Les folles, en prenant leurs lampes, ne prirent point d'huile avec elles ; mais les sages prirent, avec leurs lampes, de l'huile dans des vases. Comme l'époux tardait, toutes s'assoupirent et s'endormirent. Au milieu de la nuit, on cria : Voici l'époux, allez à sa rencontre ! Alors toutes ces vierges se réveillèrent, et préparèrent leurs lampes. Les folles dirent aux sages: Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s'éteignent. Les sages répondirent: Non; il n'y en aurait pas assez pour nous et pour vous; allez plutôt chez ceux qui en vendent, et achetez-en pour vous. Pendant qu'elles allaient en acheter, l'époux arriva ; celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée. Plus tard, les autres vierges vinrent, et dirent : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous. Mais il répondit : Je vous le dis en vérité, je ne vous connais pas. Veillez donc, puisque vous ne savez ni le jour, ni l'heure" (Matthieu, XXV, 1-13). Dix est pour certains un chiffre symbolique dénotant la plénitude et ces vierges représenteraient tous ceux qui suivent le Christ.

L’intention est ici nettement moralisatrice et l'abus de vin est mis en cause. A gauche, les vierges s'adonnent à l'intempérance, au jeu, à la musique, au théâtre, à la paresse, ... attitudes régulièrement dénoncées à l'époque par l'Eglise. A droite, à la prière, aux lectures pieuses, aux travaux ménagers.

LE SANG DE LA VIGNE DANS LE NOUVEAU TESTAMENT ET L'ICONOGRAPHIE CHRETIENNE, LES GALERIES

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